Biographie / Témoignage littéraire
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Jack Johnson est un OVNI, même si le terme n'existait pas à son époque. Premier boxeur noir champion du monde des poids lourds, il a joué à son corps défendant un rôle considérable dans l'émancipation des Noirs américains par l'exemple qu'il a donné et par le mépris profond des discriminations et des conventions qui l'animait. Comme le résume Mohamed Ali à son propos : « Jack Johnson était obligé d'être un méchant Noir car il n'y avait pas à son époque de Black Muslims pour le défendre, pas de NAACP en 1909, pas de MOVE ou d'autres organisations noires, pas de Huey Newton, pas d'Angela Davis, pas de Malcolm X. Il était tout seul. C'était le plus grand parce qu'il devait être le plus grand. »
Et le plus grand, il le fut certainement, mais pas de la manière dont on attendait de lui qu'il le fût ou de la façon dont on espèrerait qu'il le soit aujourd'hui. Jack Johnson était tout sauf stupide et il a bien compris que sa victoire dans le championnat du monde des lourds contre Tommy Burns en 1908 et plus encore celle sur Jim Jeffries en 1910 étaient lourdes de sens et de symboles. Il ne s'en cache pas dans le récit qu'il fait de ce deuxième combat : « En regardant autour de moi, en parcourant cette mer de visages blancs, je pris conscience de l'enjeu du moment. Il y avait très peu d'hommes de ma race parmi les spectateurs. Je me rendis compte que ma victoire dans ce combat avait encore plus d'importance que d'habitude. Ce n'était pas seulement le titre qui était en jeu, mais mon honneur personnel, et dans une certaine mesure l'honneur de ma couleur de peau. J'étais bien conscient de tout cela et je sentais que, dans sa grande majorité, ce public était contre moi. Tout cela, même si j'étais conscient des responsabilités qui m'incombaient, ne me dérangeait ni ne me perturbait. »
C'est l'un des secrets de la force du « Géant de Galveston » : son profond mépris pour les convenances, pour les idées reçues et toute forme d'adversité.
Sa vie, dont il raconte ici les cinquante premières années, il l'a vécue dans une sorte de nonchalance et d'insouciance, qui ne relevaient jamais de l'inconscience ou de la naïveté, mais bel et bien d'une totale liberté d'être et de penser.
Aussi ne vous attendez pas à trouver dans cette autobiographie un brûlot anti-raciste ou un témoignage militant. Même si sa conquête du titre mondial aux dépens d'adversaires blancs dans la première décennie du siècle passé a déclenché des émeutes raciales dans tous les États-Unis, même si sa vie a souvent été menacée, même si une campagne de haine invraisemblable a été menée contre lui, le boxeur texan ne s'est jamais laissé déstabiliser ou entraîner dans les polémiques. Il a bien sûr subi le racisme, la ségrégation, et les subissait encore au faîte de sa gloire. Mais il avait choisi de se placer au-dessus de ces petitesses et de croquer la vie sans que rien ni personne ne se mette sur son chemin. Il avait fait de la désinvolture et du désarmant « sourire en or » qu'avait, le premier, décrit Jack London, ses armes pour affronter l'adversité, ou plutôt pour la mépriser. Loin d'ignorer ou de se désintéresser de la condition des Noirs dans son pays, il avait choisi de s'y confronter de la même manière que sur le ring. Avec une foi inébranlable et un mépris absolu du danger.
« À titre personnel, je n'ai jamais eu de doute sur l'attitude à adopter. Bien que j'aie souvent été confronté au racisme, j'ai toujours fait en sorte, lorsque je rencontre des gens, de gagner leur confiance en les traitant honnêtement et en leur parlant franchement, les yeux dans les yeux, quitte à les déstabiliser. Je n'ai jamais trouvé de meilleure manière de combattre le racisme qu'en agissant envers les personnes d'une autre race que la mienne comme si le racisme n'existait pas. Un regard franc et direct met le plus souvent fin immédiatement à toutes les suspicions », écrit-il.
Cette désinvolture et ce refus d'accepter le racisme comme un fait accompli lui ont valu l'inimitié des leaders noirs de son temps. Il critique à la fin de cet ouvrage les thèses de Booker T. Washington, le penseur noir le plus en vogue de son époque, dont les vues convenaient parfaitement à la majorité blanche. Washington souhaitait voir les siens s'élever par l'éducation, l'honnêteté et la respectabilité sans remettre en cause les lois ségrégationnistes en vigueur. Il voyait en Jack Johnson un trublion, un traître à sa communauté parce qu'il avait choisi la boxe, sport à la réputation douteuse, gagnait beaucoup d'argent, avait ouvert des boîtes de nuit (dont le futur Cotton Club) et épousé des femmes blanches, ce qui lui causa au moins autant de torts que ses succès sur le ring.
« Il est dommage qu'un homme qui possède autant d'argent l'utilise pour blesser son propre peuple aux yeux de ceux qui cherchent à élever sa race et à améliorer sa condition », écrivit Booker T. Washington à son sujet.
Jack Johnson lui répond ici en se revendiquant de Frederick Douglass, l'un des plus fameux combattants de la lutte contre l'esclavage, qui plaidait pour une égalité totale entre toutes les composantes de la société américaine, Noirs, Blancs, Latinos, Irlandais, Amérindiens, hommes et femmes. Et cette égalité, le plus grand boxeur de son temps avait décidé de s'en saisir tout seul, sans rien demander à personne.
C'est ce qui fait de lui un OVNI, un être à part dans la longue histoire du sport américain, et de la boxe, mais aussi de la condition des Noirs aux États-Unis. Jack Johnson n'a rien revendiqué, il s'est servi. Comme le disait sa dernière femme, Irène Pineau, « il n'a jamais eu peur de rien ni de personne ». C'est cette personnalité hors du commun qui transparaît dans les lignes qui suivent. Jack Johnson ne doute de rien, est ouvert à toutes les expériences, à toutes les aventures, se trouve aussi à l'aise sur le ring que dans les grandes brasseries parisiennes ou dans les cours royales britannique ou russe.
Sa vie est ainsi un remarquable roman d'aventure, justement parce que notre homme est prêt à tout, qu'il ne respecte aucune idée reçue, aucune convention établie. Sa désinvolture apparente n'est en vérité qu'une insatiable curiosité du monde, qu'il s'empresse d'assouvir parce qu'il le veut, parce qu'il le peut.
Il est évident qu'un personnage de cette ampleur et de cette inébranlable confiance ne pouvait que s'attirer haines, rancoeurs et inimités. Ses titres acquis, Jack Johnson dut subir l'incessante quête d'un « espoir blanc » pour lui reprendre son titre, une quête lancée par Jack London lui-même, fasciné et choqué par la facilité à boxer et à exister de ce « sacré nègre ».
Injustement accusé d'avoir fait passer une de ses épouses d'un État américain à un autre « pour des raisons de moralité douteuse » ce que la loi Mann interdisait - et bien qu'elle ait été votée après les actes qui lui étaient reprochés -, Jack Johnson a été contraint à l'exil, puis à mettre sa carrière entre parenthèses pour purger une peine totalement indue d'un an de prison, sentence que Donal Trump invalidera à titre posthume en 2018 sur l'insistance de Sylvester Stallone.
Son exil le conduira un peu partout sur la planète et on le retrouve ici toréador à Barcelone ou au Mexique, conseiller du tsar, espion pour les services américains en Europe, acteur raté en Espagne, au bord du naufrage dans le Golfe du Mexique, adversaire de kangourous en Australie, boursicoteur, publicitaire et pilote automobile risque-tout (il mourra d'ailleurs d'un accident de la route).
Il faudra sans doute attendre Mohamed Ali, justement, pour retrouver un personnage aussi larger than life (hors du commun), aussi indépendant d'esprit et de comportement, aussi insensible à la critique et à l'adversité. Il faut voir combattre Johnson dans les vidéos accessibles sur les plates-formes de streaming pour comprendre à quel point il a influencé le plus grand boxeur de l'Histoire. Comme Ali, Jack Johnson danse, esquive, provoque, s'adresse à la foule, un éternel sourire aux lèvres. Conscient de sa valeur, inconscient de la haine qu'il déclenche, fermement déterminé à aller cherche son dû et son destin. À croire que le futur Cassius Clay était un peu son clone, son double réincarné.
En ce sens, Jack Johnson est un peu hors du temps. Il faut lire, dans les derniers chapitres de ce texte, ses conseils en matière de diététique qui n'ont pas pris une ride et étonnent par leur modernité. Mais le Géant de Galveston est aussi, forcément, un homme du début du XXe siècle et ses idées sur les femmes, en dépit de la passion qu'il leur porte, et sur leur émancipation, sont à tout le moins contestables ou en tout cas à replacer très clairement dans leur contexte. Ses remarques à ce sujet ne manquent pourtant pas d'un intérêt historique particulier, parce Jack Johnson illustre, par les réticences qu'il exprime envers la nouvelle condition féminine en 1927, ce moment-clef et souvent oublié qu'ont constitué les Année Folles dans le long chemin des luttes féministes, au travers du personnage de « la garçonne », qui fascine autant qu'elle intrigue au cours de l'entre-deux-guerres.
Jack Johnson a tellement dérangé à son époque qu'après sa défaite contre Jess Willard en 1915, il faudra 22 ans pour voir un autre Noir, Joe Louis, s'attaquer à la couronne mondiale des poids lourds. Et ses managers prendront bien soin de donner de ce dernier une image lisse et présentable. Joe Louis pourra être champion du monde, à condition d'être un « gentleman », au contraire de son prédécesseur...
Loin d'être un récit suranné - même si le style de Jack Johnson s'autorise des enjolivements parfois amusants -, Battant est une lecture captivante de bout en bout en ce qu'elle raconte le destin d'un homme pas comme les autres au coeur d'une époque troublée par des bouleversements encore pertinents un siècle plus tard. -
Vies des poètes anglais fut le plus célèbre des recueils de biographies du XVIIIe siècle.
La galerie de portraits de Samuel Johnson, consacrée à des poètes anglais des XVIIe et XVIIIe siècles, est celle d'un moraliste : à la différence de Plutarque qui privilégie l'éloge, les textes de Johnson, émaillés de maximes et de jugements parfois sombres, sont conçus comme des leçons de vertus.
Ce regard à la fois sévère à l'égard des individus et suffi sament détaché pour juger des qualités perennes d'une oeuvre marquera la littérature anglaise au point qu'il sera objet de débats pour toutes les générations qui suivirent : les romantiques prendront position pour ou contre Johnson et la critique du XXe siècle le placera au centre de ses préoccupations (Virginia Woolf ou T. S. Eliot, par exemple).
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Toute ma vie j'ai lutté ; de l'Alabama à Los Angeles et à Détroit
Sam Johnson
- LES BONS CARACTERES
- Témoignages
- 11 Juin 2015
- 9782915727463
À l'origine de ce livre, des conversations enregistrées, transcrites et rassemblées en un volume.
Sam Johnson, militant noir ouvrier nord-américain y fait le récit des événements et de ses impressions depuis l'Alabama au temps de la ségrégation et de Jim Crow, jusqu'à nos jours, en passant par les révoltes sociales des années 1960 à Los Angeles et à Détroit. Conscient du rôle de la classe ouvrière, il a toujours milité en son sein comme un véritable révolutionnaire.
« J'ai vu le pouvoir dont nous disposons pendant la révolte noire... J'ai appris que ce pouvoir devait être enlevé des mains des capitalistes. Je veux voir les travailleurs se battre pour organiser leur propre pouvoir et mettre en place une économie capable de subvenir aux besoins de chacun. C'est la raison pour laquelle j'ai milité toutes ces années, et que je continue à militer aujourd'hui. »
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Iris Grace ; la petite fille qui s'ouvrit au monde grâce à un chat
Arabella Carter-johnson
- Les Presses de la Cité
- 23 Mars 2017
- 9782258137455
Iris Grace est différente. Depuis sa naissance, enfermée dans son monde, elle ne s'exprime qu'avec ses pinceaux. Jusqu'au jour où un chaton entre dans sa vie... Aujourd'hui, cette petite fille autiste communique. Son talent artistique est impressionnant. Son histoire a conquis le monde entier.
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Iris Grace est une petite fille de 6 ans atteinte d'autisme. Pendant les premières années de sa vie, Iris reste dans son monde, inatteignable.
Un jour, la famille décide d'adopter un chaton, Thula, pour lequel la petite fille se prend tout de suite d'affection. Elle communique avec lui et s'ouvre petit à petit aux autres. Et alors qu'Iris peint le monde à travers ses yeux d'artiste, Thula reste à ses côtés...
Son talent artistique est impressionnant. Son histoire a conquis le monde entier.
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" En 1992, alors que j'autopsiais le corps d'une victime du sida, mon scalpel a glissé et s'est profondément enfoncé dans ma main, faisant de moi un condamné à mort en sursis.
Par la force des choses, je suis devenu mon propre cobaye, et l'une des premières personnes à suivre, au tout début de l'infection, un traitement agressif à base de produits antiviraux et d'Interleukine-2. Avant ma contamination, ma vie entière était vouée à la médecine. Après des mois de solitude et de désespoir, j'ai décidé de trouver une compagne séropositive comme moi. J'ai rencontré Vickie. Son mari l'avait contaminée, et il avait aussi contaminé sa soeur - elle s'est occupée d'eux jusqu'à leur mort.
Vickie m'a fait découvrir la vie et le pardon. Ensemble, nous avons décidé de prouver que nous n'étions pas " incurables ". Au moment où j'écris ces lignes, on ne trouve plus la moindre trace de virus dans mon sang ou dans ma lymphe ; peu à peu, je redeviens séronégatif. Quant à Vickie, son taux de T4 est redevenu normal, et la quantité de virus dans son sang a chuté radicalement. Mon combat marque un tournant dans la guerre contre le sida.
Je suis en train de vaincre la maladie ; peut-être l'ai-je même déjà vaincue. Je suis la preuve vivante que l'espoir d'un traitement du sida est bien plus grand que les médecins ne veulent bien l'admettre. Et il faut que cela se sache. "
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John emil list est aimable, discret, toujours prêt à rendre service dixit ses voisins, ses collègues et ses relations.
Pourtant, ce 9 novembre 1971, il va tuer méthodiquement les uns après les autres, sa femme, sa mère, sa fille et ses deux fils, avant de disparaître.
Il faudra un reality show sur les crimes impunis, dix-huit ans plus tard pour qu'une téléspectatrice reconnaisse en son voisin, un comptable courtois, auteur des cinq meurtres monstrueux.
Comment cet ancien professeur de catéchisme, élevé dans le respect de la parole de dieu, a-t-il pu en arriver làoe portrait fascinant d'un assassin qui avait bonne conscience...
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Papa, il faudra que je te raconte...
Patricia J. Johnson
- EDILIVRE
- Classique
- 7 Décembre 2015
- 9782334032148
Née à Nancy en 1965, abandonnée bébé, Patricia n'a eu de cesse de retrouver son père en Amérique.
Rejouant encore et encore le scénario de leur future rencontre, elle s'est mise à lui écrire tout ce qu'elle aura à lui dire quand elle le retrouvera.
Des anecdotes les plus légères aux histoires les plus sérieuses, elle lui raconte ses joies, ses peines, son adoption, la recherche de ses racines et sa lutte contre le cancer.
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Histoire des pirates anglois. Traduit de l'anglois. Tome 4
Charles Johnson
- Hachette BNF
- 27 Juin 2023
- 9782329960784
Histoire des pirates anglois depuis leur établissement dans l'isle de la Providence jusqu'à présent . Contenant toutes leurs aventures, pirateries, meurtres, cruautés, excès, &c. Avec la vie et les aventures de deux femmes pirates, Marie Read et Anne Bonny, et un extrait des loix & des ordonnances concernant la piraterie. Le tout enrichi de cartes géographiques et de figures en taille douce. Traduite de l'anglois du capitaine Charles Johnson, tome quatrième
Date de l'édition originale : 1775
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Pour plus d'informations, rendez-vous sur www.hachettebnf.fr -
Nabokov's blues - the scientific odyssey of a literary genius
Johnson Kurt
- Mcgraw-Hill Education
- 1 Novembre 2018
- 9780071373302